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RearWindow
6 mars 2006

L'Ivresse du Pétrole

Pour commencer ce blog, j’ai décidé de vous parler de deux films politiques qui se placent en bonne position au box office.

D’un côté le portrait d’une femme sur un  fond d’affaire politico-financière, dressé par Claude Chabrol dans l’Ivresse du pouvoir ; et de l’autre le portrait de la situation politique et économique dans le golfe persique sur fond de multiples histoires parallèles qui finissent par se rejoindre, je veux bien sur parler de Syriana, de Stephen Gaghan.

ivresse_pouvoir1

Chabrol a décidé dans son nouvel opus de dresser le portrait d’une juge d’instruction, Isabelle Huppert, aussi froide et glaçante que possible au début et qui gagne en humanité au cours du film lorsqu’elle prend conscience des limites de son métier et de son prétendu pouvoir.

Le fond de l’histoire – l’affaire Elf – ne sert finalement qu’à appuyer le discours du réalisateur, sur l’étendu du pouvoir du juge et ses limites, et sur la psychologie de son égérie Isabelle Huppert, que le réalisateur retrouve ici pour la septième fois.

L’affaire Elf y est bien sur présente dans des petits détails plus ou moins appuyés que l’on découvre avec plaisir durant tout le film. A commencer par le nom de la juge, Jeanne Charmant-Killman, et de Charmant à Joly il n’y a qu’un pas… Les problèmes de peau du président Humeau, remarquable François Berleand, font bien entendu penser au psoriasis de Loik le Floch-Prigent. Je vous laisse découvrir les nombreuses allusions tout au cours du film et elles sont nombreuses.

Si l’on part du postulat de départ que Chabrol a voulu faire le portrait d’une femme à travers le prisme d’une histoire vraie plus ou moins fictionnalisée, de ce point de vue, le film est une vraie réussite. Le propos de Chabrol a toujours été au fil de ses films de dénoncer la société bourgeoise et ses travers en se centrant sur tel ou tel catégorie de notables : avocats, médecins, juges, tous en ont pris pour leur grade au fil de l’immense filmographie du maître qui compte pas moins de 57 films !

syriana_poster

Dans un style cinématographique et narratif totalement différent, le second film de Stephan Gaghan, dont le premier opus, « Abandon » avec Benjamin Bratt et Katie Holmes est totalement inédit en France, demande une attention du spectateur de tous les instants.

Donc il s’agit de ne pas oublier son cerveau chez soi avant de s’attaquer à ce scénario à tiroir, particulièrement prisés du réalisateur qui a commis le scénario de Traffic, dont Syriana reprend bien des points communs.

A commencer, je vous le disais précédemment, par les nombreuses histoires qui s’entremêlent, se succèdent et s’entrechoquent pour, au final, plus ou moins se rejoindre.

Plus ou moins car, le spectateur pourtant attentif que je pensais être avant d’entrer dans la salle en est ressorti un tant soit peu interrogatif sur de nombreux points de l’histoire. Rapports entre tel et tel personnage, rôle véritable de certains autres, réaction un peu spéciale et floue d’un autre, bref une succession de petits doutes, de petites ombres au tableau qui sème le doute dans notre, il est vrai petit cerveau de cinéphile, certes diminué par l’abus de nouvelle star, mais plutôt sensible à ce genre d’univers.

Cinématographiquement parlant, le cinéaste cherche beaucoup son inspiration vers le Steven Soderbergh de Traffic (Soderbergh étant par ailleurs avec George Clooney le producteur du film à travers leur société commune Section 8). Caméra virevoltante, rythme soutenu, montage parallèle, donne à l’action une véritable intensité tout en laissant quelque fois le spectateur un peu sur le côté de la route. Et dans le désert, sans point d’eau, point de salut… Et point de respiration.

Deux films à conseiller à ceux qui veulent en apprendre plus sur les affres de notre société et sur les limites de la mondialisation lorsque qu’un pays s’en autoproclame le centre… Bonnes projections !

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